La France a revu sa stratégie militaire au Sahel. Selon des informations recueillies par MEE (Middle East Eye), elle aurait dressé une liste de 50 chefs et combattants de groupes armés à éliminer.

VAB du 3e régiment du génie dans la région de Gao, janvier 2017/ wikimedia Commons


En plus de cette liste de 50 chefs de groupes armés et de certains de leurs subordonnés directs, les forces françaises auraient aussi listé plusieurs camps d’entraînement

« Depuis deux ans, les Français ont compris que les opérations militaires classiques ou massives contre des groupes de guérilla ne sont pas pertinentes », précise une source sécuritaire dans la région. Selon les données de notre interlocuteur, en plus de cette liste de 50 chefs de groupes armés et de certains de leurs subordonnés directs, les forces françaises auraient aussi listé plusieurs camps d’entraînement ainsi que les caches les plus importantes dans la région des Ifoghas , sans oublier les stocks d’armes.

A newly-created AQIM Touareg brigade aims to control a large area of the Sahel/wikimedia Commons


Ce genre de ciblage précis a permis notamment l’élimination de Djamel Okacha, alias Yahia Abou al-Hammam, en février 2019, ancien « émir » du Sahara pour AQMI et co-fondateur du GSIM. En octobre 2019, c’est le Marocain Abou Abderrahmane al-Sanhadji, « juge » d’AQMI au Sahara et au Sahel, qui est tué par les forces de Barkhane, en coordination avec les forces maliennes et un soutien américain.

Mercredi 22 janvier, le chef d’état-major français des armées, François Lecointre, a annoncé que l’opération Barkhane allait recevoir des « moyens supplémentaires » en plus des 220 soldats déjà récemment envoyés en renfort, pour tenter de mettre un coup d’arrêt à la spirale des violences, tout en doutant « pouvoir crier victoire à la fin de l’année ».

Nouveaux renforts

Les nouveaux renforts seront accompagnés de « moyens logistiques et de renseignement supplémentaires », a ajouté François Lecointre. De source proche du dossier, des annonces devraient avoir lieu à ce sujet le 29 janvier, selon l’AFP.

« Nous allons accentuer nos efforts dans la zone du Liptako-Gourma, dans la zone ‘’des trois frontières’’ [entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger], en y concentrant des moyens supplémentaires », a rappelé le chef d’état-major français des armées. « Aujourd’hui, dans cette zone extrêmement vaste, les moyens qui sont mis à disposition de l’opération Barkhane ne sont pas suffisants pour qu’on puisse avoir des soldats déployés H24, sept jours sur sept. »

La force française Barkhane a mis « hors de combat » plus d’une trentaine de combattants extrémistes dans le centre du Mali depuis début janvier, d’après une annonce de l’état-major français. L’armée française refuse de donner un décompte précis des éléments qu’elle tue, blesse ou capture, et regroupe ces trois catégories sous les termes génériques de « neutralisation » ou « mise hors de combat ».

French soldiers conduct a fire mission at Qayyarah West, Iraq, in support of the Iraqi security forces’ advance toward Mosul, Oct. 17, 2016./ CENCOM


Par ailleurs, « entre le 14 et 15 janvier, dans la même région, c’est un groupe de combat complet qui a été neutralisé au cours d’une opération héliportée » menée par des commandos, « appuyés par des hélicoptères de combat ainsi que par une frappe aérienne ».

Lors de cette intervention, « une trentaine de djihadistes ont été mis hors de combat, une vingtaine de motos détruites et une grande quantité de matériel de téléphonie a été saisie ». Ces opérations visaient la katiba Macina de Amadou Koufa.

L’état-major a par ailleurs annoncé la « neutralisation de cinq terroristes armés » par « une frappe de drone » dans la région du Liptako, au nord-est, près de la frontière avec le Niger où sévit le groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS).