Dans les économies développées comme dans les pays en développement, la vague de la pandémie a rapidement submergé les systèmes de santé, avec des répercussions sociales et économiques qui s’annoncent d’une ampleur inégalée. Pour les pays les plus pauvres cependant, le pire est à venir. Les pays les plus pauvres risquent d’être bientôt touchés sur tous les fronts, et la catastrophe économique et sociale qui les frappera aura des effets qui se propageront dans l’ensemble du monde, en favorisant la diffusion du virus et en mettant en péril le redressement de l’économie mondiale. Les choix que nous faisons aujourd’hui auront des effets durables sur la capacité des pays en développement à faire face à la crise sanitaire et économique.

 Coronavirus-désinfectant © Mohamed Hassane / pixabay.com CC0

Trop de pays prennent actuellement des mesures de nature à compromettre l’accès aux produits médicaux et à déstabiliser les marchés alimentaires. Il serait au contraire plus judicieux d’adopter une approche coordonnée afin d'accroître la production et de répondre aux besoins des plus vulnérables. Si la grande majorité des cas d’infections au coronavirus signalés jusqu’à présent ont concerné des pays développés, le nombre de contaminations dans les pays en développement pourrait augmenter considérablement dans les prochains mois. Parmi les pays les plus touchés par le coronavirus, dix-sept sont des plaques tournantes essentielles dans les réseaux du commerce mondial, ce qui contribue à amplifier les répercussions économiques pour les pays en développement.

« La hausse des restrictions à l’exportation exacerbe les tensions sur l’offre et fait augmenter les prix». La pandémie est déjà à l’origine d’une pénurie mondiale de fournitures médicales. Or la hausse des restrictions à l’exportation exacerbe les tensions sur l’offre et fait augmenter les prix. Le Groupe de la Banque mondiale a récemment lancé une nouvelle base de données afin de suivre l’évolution des effets de ces politiques commerciales.

Après les pénuries de fournitures médicales, les denrées alimentaires pourraient venir à manquer, alors même que les niveaux de production devraient atteindre des sommets en 2020. Les exportations chinoises de produits agricoles ont par exemple reculé de 12 % au cours des deux premiers mois de 2020. Si l’on se réfère aux enseignements de la crise alimentaire de 2008-2011, de telles mesures ont fait grimper les cours mondiaux de 13 % en moyenne et de 45 % pour le riz.

Dans ce domaine, la Banque mondiale a plus particulièrement pris les devants en offrant à ses pays clients des services gratuits de facilitation des achats afin qu’ils puissent se procurer des produits et équipements médicaux indispensables. Dès le mois dernier, nous avons mis sur pied un mécanisme de financement accéléré de 14 milliards de dollars afin d’accompagner les efforts déployés par les pays et les entreprises pour prévenir, détecter et faire face à la propagation du coronavirus, en mobilisant notamment les dispositifs de financement commercial et de lignes de crédit de la Société financière internationale . L’importance de la coopération internationale et de mesures adaptées est encore plus grande au moment où nous entamons la prochaine phase de notre riposte pour consacrer nos efforts sur la reprise, avec la détermination de sortir plus fort de la crise. Le Groupe de la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont appelé à la suspension des paiements au titre du service de la dette pour les pays IDA sollicitant un délai de grâce, afin de leur permettre de disposer d’une plus grande marge de manœuvre budgétaire.

En outre, nous nous tenons prêts à déployer, au cours des 15 prochains mois, un soutien financier de 160 milliards de dollars dans le but de continuer à aider les pays à faire face à la crise, améliorer leur résilience et favoriser leur redressement. « Les pays qui restent intégrés dans l’économie mondiale seront les mieux placés pour faire face efficacement à la crise à court terme et se relever plus rapidement à moyen terme». La vitesse et l’ampleur avec laquelle s’est répandu ce virus meurtrier ces trois derniers mois ne laissent plus planer aucun doute sur le danger majeur qu’il représente. Les pays qui restent intégrés dans l’économie mondiale seront les mieux placés pour faire face efficacement à la crise à court terme et se relever plus rapidement à moyen terme.

Article complet sur les Blogs de la Banque mondiale.
Article publié pour la première fois par The Telegraph.